Ce canular de "Diapason" n'est pas encore vrai, mais, soyez vigilants, il pourrait bien le devenir…



Connerie sans frontières…

Carmen tue. C’est le titre d’un petit article de la revue « Diapason » qui précise, qu’en vertu d’une circulaire du Ministère de la Santé, il est désormais passible d’une amende de 400 000 € de représenter Carmen dans sa version d’origine.

En vertu de la loi dite « Evin » sur le tabagisme, toute représentation « à caractère incitatif de la cigarette, du cigare ou de la pipe dans les lieux publics » est interdite. Mieux, il est impératif de soumettre 12 semaines à l’avance au « service compétent » du Ministère de la Culture la nouvelle version du livret et les « intentions de la dramaturgie » (sic !).

On se demande si Mme Albanel a trouvé à recruter quelques survivants des services de Vichy pour former ce « service compétent » qui rétablit la censure préalable pour les artistes ? J’espère que les « inspecteurs » de la Culture qui en seront chargés sont fiers de leur mission…

La bêtise au front de taureau, la connerie sans frontières gagnent partout, elles sont le substrat du sarkozysme triomphant.

Les cons ça ose tout, c‘est même à ça qu’on les reconnaît (Michel Audiard) : allons-y gaiement ! On a déjà, à la Bibliothèque nationale effacé la cigarette de Sartre, faisons de Carmen une serveuse au McDo ou une assistante sociale en banlieue, effaçons la pipe de Sherlock Holmes, sans oublier sa cocaïne à 7%, floutons le cigare de Churchill et passons sa devise (jamais de sport !) aux oubliettes, interdisons de nouveau Brassens, fumeur de pipe et auteur d’un immortel « quand il s’agit de rosser les cognes, tout le monde se réconcilie ! », outrage revendiqué aux forces de l‘ordre, interdisons Soljenitsyne (Ivan Denissovitch est un fumeur compulsif), tout le cinéma des années 50 et 60, où tout le monde fume (dans « ascenseur pour l’échafaud » il y a même, ô scandale, une chanteuse qui chante avec le clope au bec !), à la trappe les photos de Prévert (et ses poèmes subversifs par la même occasion) avec son éternelle cigarette, etc…

En revanche, restent autorisés, et même recommandés, les feuilletons télévisés où l’on se tue ou se torture avec délectation à toutes les images, la promotion intense de polluants mortels à la télévision, l’empoisonnement massif des populations par des additifs, pesticides, et autres OGM, l’enfouissement de déchets hautement radioactifs dans des fûts de béton qui seront fissurés dans dix ans, etc…

Et que le service de la censure qui vient d’être ainsi réinstallé ne s’intéresse pas au budget de l’État qui ne saurait survivre sans les énormes taxes sur le tabac.

Attention, Demain quels spectacles seront interdits pour cause de tabagisme, d'incitation aux excès de vitesse, ou de manque de Sarkolâtrie… et par quelle commission de censure ?

Les caméras de Big Brother qui nous filment à chaque instant de notre vie seront bientôt équipées de détecteurs de fumée (de tabac, bien sûr, pas de fumée de voitures, il ne faut pas désespérer le MEDEF).

 

Michel Thion

En souvenir, le texte de la belle chanson pour emmerder les cons…

Du Gris

Paroles: E. Dumont. Musique: F. L. Benech

 

Eh Monsieur, une cigarette
Une cibiche, ça n'engage à rien
Si je te plais on fera la causette
T'es gentil, t'as l'air d'un bon chien
Tu serais moche, ce serait la même chose
Je te dirais quand même que t'es beau
Pour avoir, tu en devines bien la cause
Ce que je te demande : une pipe, un mégot
Non pas d'Anglaises, ni de bouts dorés
Ce tabac-là, c'est du chiqué

Du gris que l'on prend dans ses doigts
Et qu'on roule
C'est fort, c'est âcre comme du bois
Ça vous saoule
C'est bon et ça vous laisse un goût
Presque louche
De sang, d'amour et de dégoût
Dans la bouche

Tu fumes pas, ben t'en a de la chance,
C'est que la vie, pour toi, c'est du velours,
Le tabac, c'est le beau de la souffrance,
Quand on fume, le fardeau est moins lourd.
Y a l'alcool, me parle pas de cette bavarde,
Qui vous met la tête à l'envers,
La rouquine qu'était une pocharde,
À vendu son homme à Deibler.
C'est ma morphine, c'est ma coco,
Quoi ? C'est mon vice à moi le perlot

Du gris que l'on prend dans ses doigts
Et qu'on roule
C'est fort, c'est âcre, comme du bois,
Ça vous saoule
C'est bon et ça vous laisse un goût
Presque louche
De sang, d'amour et de dégoût,
Dans la bouche

Monsieur le Docteur, c'est grave ma blessure?
Oui je comprends, il n'y a plus d'espoir
Le coupable, je n'en sais rien, je vous le jure
C'est le métier, la rue, le trottoir
Le coupable, ah je peux bien vous le dire
C'est les hommes avec leur amour
C'est le cœur qui se laisse séduire
La misère qui dure nuit et jour
Et puis je m'en fous, tenez, donnez-moi
Avant de mourir une dernière fois

Du gris, que dans mes pauvres doigts
Je le roule
C'est bon, c'est fort, ça monte en moi
Ça me saoule
Je sens que mon âme s'en ira
Moins farouche
Dans la fumée qui sortira
De ma bouche

 

retour au sommaire d'Adrénaline