Ateliers réalisés à la Maison Gueffier - Scène Nationale du Manège - La Roche/Yon en janvier et avril 2006

 

À l’invitation de Cathie Barreau et de l’équipe de la Maison Gueffier, j’ai pu rencontrer deux groupes d’handicapés mentaux, résidents de foyers à Cholet et La Roche/Yon.

Depuis la fin des Ateliers avec les percussions de Treffort, la force de ces rencontres s’était un peu estompée dans ma mémoire.

Là encore, choc immédiat, dialogue vif, un « public » actif, volontaire, ouvert, joueur, prêt à expérimenter une activité nouvelle pour lui, se battant avec ses difficultés sans jamais reculer, avançant sans cesse, bref, ce furent quatre séances où nous n’avons pas vu passer le temps.

Merci à Cathie, Guénaël et Florian pour l’accueil et cette nouvelle et bonne expérience. Merci également à Philippe et Marie-Pierre, les éducateurs qui accompagnaient les groupes. Sans leur implication, leur gentillesse et leur patience, rien n’aurait été possible. Une mention spéciale pour Geneviève, qui a mobilisé le réseau et qui a participé avec enthousiasme à l’expérience. Les écrits de chacun ont été ici mélangés à ceux des résidents des foyers, comme durant les séances.

Nous avons travaillé des formes courtes, inspirées du haïku, cherché des noms de villes imaginaires, de couleurs imaginaires, fait des listes de mots divers, instruments de musique, etc… et puis travaillé des notions telles que la contradiction, la surprise, et à partir de ces réserves de mots, tenté d’écrire de petits poèmes.

Voici quelques extraits :

 

Bruno

 

La flûte l’été au soleil

Plein de palmiers plein de musiciens un monde fou

Un pivert tape la ruche

 

Le grillon siffle. La lumière siffle. La crécelle siffle.

Soudain le vent souffle avec la pluie. Il y a un trou.

Un oiseau rentre dans le trou, fait son nid et s’en va.

 

Guénaël

 

Julot-le-mouchet

Printemps pas de ministre

Scarabée rieur

 

Le hibou fait comme de la grosse caisse

Soudain plein de flotte

Obligé de se cacher

 

Philippe

 

Les grillons de Griort-sur-Yon

Crécelles et marrons

Le pivert dit non

 

Tandis que les feuilles tombent

Le pigeon dans le lointain écoute le violon des sauterelles.

Soudain le tonnerre vient battre la mesure.

 

Germaine

 

Salimonde, mon sol râle.

Dans la cave des champignons

Le soleil se lève.

 

À Berlau

Des blaireaux et des bérets

Le soleil saute dessus

 

Un moustique pique une figue

Une glace

Sans parfum

 

Une colombe glisse dans la neige.

Soudain le soleil, par moments,

Lui rappelle son nid

 

Florian

 

Bruit de castagnettes

Sous le cèdre

Un doryphore hésite

 

Soleil froid ça pique les doigts. La pie a le nid haut

Soleil chaud sous le châtaignier

Soudain un éclair de pluie.

 

Manière-Contine

Un souvenir ancien apaisé, rien ne presse

Le bonheur attend

 

Marie-Thérèse

 

L’été on se baigne à minuit

Soleil froid Il gèle

Les enfants mangent des coccinelles

 

En Sibérie on a froid.

Il y a plein de phénix dans les arbres.

Soudain une tempête de neige.

 

Montalau-Ronchat

Histoire juste mouillée

Par la neige éternelle

 

Marie-Pierre

 

La pie joue au football sous un cerisier tout en écoutant un air de piano.

Quand soudain

Le Zéphyr vient lui chatouiller les oreilles

 

À Quélibanne, en Poublanci, une salade de tomates visionne le monde la larme à l’œil

Le bien, le mal, l’hypocrisie,

Est-ce un mets délicat ?

 

Jean

 

L’été c’est les vacances

Pas de football

Une pie joue du piano dans la cuisine

 

Le papillon et le flamant rose

Jouent du piano en plein mois d’août

Soudain la tempête s’élève

 

Baptiste

 

En été une libellule

Cueille des pommes dans le pommier

Un perroquet joue des tambours

 

Le figuier joue de la contrebasse avec le moustique et la cigogne

Soudain un homme prend la contrebasse

Et le moustique pique la cigogne

 

Geneviève

 

Ce jour-là on était tous sous le bananier

Un oiseau tapait sur le tam-tam et la guêpe soufflait dans la trompette.

Une chaleur de déprime.

Soudain les hommes sont arrivés, ils étaient jaloux de nous.

Ils nous ont tout volé, tout piqué.

 

Olivier

 

L’homme costaud

travaille pour l’écoulement viomalet

dans le vieux Trébrestebois

 

L’oiseau de printemps

Moments difficiles

Joie de se retrouver

 

Le coucou chante le printemps heureux, un vieux chêne animé est tombé.

Le ministre est complètement langoureux et heureux de la musique.

Soudain la température se lève. Le temps est lumière et brouillard.



retour au sommaire des travaux d'ateliers