Voeux pour 2008


Pour 2008…

Ce serait l’année des oiseaux.

Le premier oiseau jaillira un jour de l'océan.

Il secouera l'eau de ses plumes et le sel de ses yeux. Il fera le tour de l'horizon dans un sillage de perles de brume, puis se dirigera vers le soleil.

Il découvrira la joie du regard.


Le deuxième oiseau sortira d'un volcan furieux.

Il crachera feu et fumée et des gouttes de lave brûlante et rouge sombre éclateront à l'extrémité de ses ailes.

Il planera un instant autour du panache de fumée noire du volcan, et puis il partira dans la nuit naissante.

Il découvrira ainsi le calme et l'incertitude ensemble.


Le troisième oiseau émergera de la terre.

Lentement, il déploiera ses ailes pleines de boue et d'herbes sèches, aveuglé par la lumière mais il se guidera au chant des insectes.

Il volera près du sol familier, se heurtera aux buissons, et puis, peu à peu, s'élèvera et tournera. Quand il s'écartera du soleil, il découvrira le monde dans sa soudaineté.


Le quatrième oiseau surgira de l'espace profond.

Un son grave et long, comme le rire d'un géant, l'accompagnera dans son vol. Il portera en lui le froid qui sépare les étoiles et l'air, sur son passage, laissera une traînée de givre.

C'est un oiseau de cristal et de poussière.

Sur la mer flottera un vaisseau dont les cordages sont faits de fils d'araignées.


Je te souhaite ainsi une année d’oiseaux et de regard.

Je veux dire une année où, tels les oiseaux de haut vol, nous ne détournerons pas le regard, où nous ne baisserons pas les yeux.

Je te souhaite enfin une année pour construire ensemble, selon l’injonction de Camus il y a cinquante ans, un indispensable « art de vivre en temps de catastrophe ».



Fête des feuilles 2007 - "l'automne est bleu" - oeuvre de Marc Averly - photo © Stéphane Rambaud






lettre pour 1997