
(...) Le silence fait partie de ces territoires mystérieux qu'il convient d'approcher à pas de loup, muni
seulement d'une plume légère. Dans son Traité du silence, Michel Thion, épaulé par les encres nocturnes
d'Anne Weulersse, l'a parfaitement compris. Sa démarche n'est pas celle d'un chasseur, il ne traque pas
le silence mais se laisse doucement envahir par sa présence. Avec mille précautions, un respect infini,
il tente d'identifier ses différentes couleurs, ses habitudes, ses feintes, les paysages où il s'épanouit,
les musiques où il consent à se glisser, les êtres qu'il éclaire. Le poète peut dès lors affirmer :
"
le silence n'est pas l'absence de bruit, ni l'oblitération de la parole ". Et il peut aussi écrire :
"
Au commencement était un silence patient et attentionné, sentinelle des mots à venir. (...)
(Nicolas Blondeau - Livre et lire)
(...) Voici un poète de grande exigence, se méfiant de l'effusion lyrique. Le laconisme de son écriture
est à la hauteur d'une pensée de haut lignage, qui fait penser parfois à Edmond Jabès, ce qui nous donne
des poèmes d'une merveilleuse fulgurance (...)
( Bernard Mazo - Aujourd'hui Poème)
(...) Le charme de ces variations sur le silence ne s'épuise pas :
"
il faut parcourir les chemins du silence, car ils n'ont ni début ni fin." l'introspection prend parfois
le pas sur les considérations universelles exprimées dans une langue toute personnelle :
"
Dans chasue ville, j'habite rue du silence." Un aphorisme ici ou là, dans le blanc de la page,
dit tout de l'intime, à la lisière de l'indicible, en une expression resserrée : "
Quand ma mémoire est en ruine,
le silence en est l'archéologue." Ou encore , cet autre, brutal, d'une transparence cruelle :
"
Le sang du silence est l'encre dont j'écris ce livre." (...)
( Ménaché - Revue Europe )