Voeux pour 2001


Tu sais, cet hiver, je pense à la première qui s'est levée pour danser le tonnerre et la pluie au milieu du cercle des humains.

Je pense au premier qui, en plissant un peu les yeux, a fait semblant, pour faire rêver les autres.

Je pense au premier chant, au premier rire.

Notre espoir est dans les mots, gorgés de pensées et de sens, comme le raisin d'automne est gorgé de sucres éblouissants,
il est dans les musiques qui disent un monde en marche et il est aussi dans les corps mouvants et vivants,
qui dessinent des espaces nouveaux.
La première gifle au malheur est peut-être née dans le premier théâtre.
J'y pense chaque jour.
Chaque jour, au moment où la noirceur de la scène frémit des lumières à venir, où les souffles font silence
pour laisser place aux sons, aux paroles et aux gestes, j'y pense.

Ainsi donc je te souhaite une année où ces moments-là s'étirent dans un temps ralenti et brûlant,
un temps de la révolte, de l'amour, de l'écoute attentive et chaleureuse, un temps de la contemplation en éveil
et du partage d'utopies.

À vous, oiseaux de la nuit, voyageurs sans bagages, au banquet de la pensée joyeuse, salut et bienvenue.




Fête des feuilles 2007 - "travaux d'automne" - oeuvre de Florence Zacharie - photo © Stéphane Rambaud






lettre pour 1997